Une soirée en crescendo à l’Opéra Garnier, qui nous fait entrer dans le mouvement… traverser les images figées de nos représentations. Tiens, c’est curieux… nous appelons un spectacle, une représentation. Est-ce le mot juste ? Une représentation, d’un point de vue philosophique, consiste en un retournement du réel  suivi d’une projection sur la paroi de notre mental. Il s’agit donc, en fin de compte, d’une fixation mentale. Or l’art nous délivre de nos idées fixes. Il nous détache de nos habitudes. Un spectacle serait donc une représentation au carré. Un retournement de ce qui a été retourné déjà une fois : la résurrection de quelque chose de mort… un retour à la vie… post-détournement.

Les danseurs nous accueillent, avant le spectacle, dans le foyer. Quatrième volet de cette soirée : la scène s’ouvre. Et Tino Sehgal fait danser les rideaux et les projecteurs. Les frontières entre danseurs et spectateurs s’estompent.

Un regard peut décrocher un tableau d’une cimaise. Plus exactement, un tableau, pour être ainsi décroché, doit avoir le pouvoir d’attirer et d’attiser un regard à même de l’emporter. Ce pouvoir, cette brillance, Crystal Pite l’a diffusé parmi les 54 danseurs qu’elle a dirigés sur une composition de Max Richter inspirée des Quatre saisons de Vivaldi.

Lumière d’or… Fascination qu’exerce la beauté, sans explication… le cœur s’ouvre et, imperceptiblement, sur les fauteuils en velours rouge, nous voici en train de danser.

Merci !

CLV

The Seasons’ Canon de Crystal Pite à l’Opéra Garnier

Sehgal / Peck / Pite / Forsythe

Palais Garnier – du 26 septembre au 09 octobre 2016