Quelques clés supplémentaires au billet d’humeur #4 de Camille Laura Villet…

Nous pouvons le pressentir, un mythe, ou un conte, nous livre de profondes indications sur les processus évolutifs de l’âme en quête de son essence spirituelle, dégagée des seules contraintes du monde sensible où elle évolue.

Toute lecture philosophique et/ou psychanalytique de ces textes mythiques suppose, en deçà, un regard spirituel dont nous nous proposons ici d’énoncer quelques clés, en résonnance avec notre schéma corporel.

Comme nous l’avons précisé dans nos précédents éditos, l’âme, sur son chemin de prise de conscience d’elle-même et du monde, se structure selon trois forces constitutives nommées le penser, le sentir et le vouloir. Dans la conscience ordinaire, ces trois forces sont tributaires anatomiquement et physiologiquement de l’instrument corporel (le corps physique) agissant tel un miroir nécessaire à cette conscientisation.

Mais ces trois forces auront évidemment, dans leur devenir évolutif, à connaître les transmutations indispensables à leur initiation par l’esprit.
Une connaissance pleine et vivante du réel est à ce prix.

La purification de la force du penser est, traditionnellement, reliée à l’or solaire.
Celle de la force du sentiment à l’argent lunaire et, enfin, celle de la volonté à l’airain (mot antique pour désigner le bronze, alliage de différents métaux parmi lesquels le cuivre, l’argent et l’étain).
Cette triple purification ouvre alors au héros la porte de la connaissance intégrale des mystères les plus profonds, à la fois de l’univers et de son être intime (« Connais-toi toi-même, et tu connaitras l’univers et les dieux »)[1].

La pluie d’or (Zeus) venue féconder Danaé, la tour d’airain où elle est retenue captive, la libération de Chrysaor (dont le nom, étymologiquement, signifie « épée d’or » et que certains rapprochent du faucon d’or, renvoyant à Horus, ce qui tendrait à inscrire le mythe grec à la suite des mystères égyptiens[2]), le bouclier d’argent brillant comme un miroir donné par Athéna à Persée, dans le reflet (lunaire) duquel le héros peut regarder la Gorgone sans être aspiré dans un néant définitif sont autant d’indices ( il y en a bien d’autres encore) laissés par le mythe comme une invitation à une lecture incluant ce chemin parcouru par l’âme dans la mise en ordre de son chaos originel.

La triple voie ainsi évoquée guide le héros vers l’acte libre, porteur en son sein de vérité et de beauté.

Luc TOUBIANA

[1] Cette grille de lecture est issue de la grande Tradition. Nous la retrouvons, par exemple, dans le conte de Goethe : « Le Serpent vert ».
[2] « Dictionnaire des symboles, des mythes et des mythologies » par Jean Ferré, Ed. du Rocher, 2003